04 juin 2020

''De très bons souvenirs au FC Nantes''

Emerse Faé

Arrivé à l'âge de 12 ans au FC Nantes, Emerse Faé (36 ans) a gravi les échelons au sein de la Maison Jaune, remportant notamment la Coupe Gambardella en 2002. Aujourd'hui entraîneur des U19 Nationaux à l'OGC Nice, l'ancien milieu relayeur des Jaune et Vert (125 matches toutes compétitions confondues) revient sur sa fin de carrière précipitée suite à des phlébites à répétition, ses nouvelles fonctions et ses souvenirs nantais. Entretien.

Bonjour Emerse. Comment toi et tes proches allez-vous ?

Emerse FAÉ : "Très bien, merci. Nous n'avons pas été touchés et nous sommes bien restés confinés, tout en respectant les gestes barrières."

Comment as-tu vécu cette période si particulière ?

"Les deux premières semaines se sont bien passées. Ma femme travaillait encore un peu car elle est dans le secteur bancaire. J'étais donc à la maison avec mes filles. Je les aidais à faire leurs devoirs car c'est très important et sur le temps libre, nous avions mis en place un "championnat de jeux de société", avec un classement (rires).

Tu t'es aussi montré généreux envers le personnel soignant et de nombreuses personnes dans le besoin…

"Le temps m'a paru plus long lorsque le gouvernement a annoncé que le confinement durerait au moins jusqu'au 11 mai. J'ai ressenti un vrai manque de lien social avec les gens. En regardant le JT, j'ai vu qu'ils recherchaient des bénévoles pour le Secours Populaire. Je n'avais jamais pensé à faire ça avant le Covid-19 mais là, c'était ce qu'il me fallait. Aujourd'hui, ça fait un mois et demi que je suis bénévole pour cette association et que je distribue des repas pour les personnes dans le besoin.
Concernant le mouvement "Sport Aidons" lancé par Cyril Dumoulin, le gardien du HBC Nantes, je me sentais redevable vis-à-vis de la ville de Nantes. Je trouvais que cette paire de chaussures (portée lors de la Finale de la CAN 2006, ndlr) était quelque chose qui pouvait intéresser d'éventuels donateurs et permettre de rapporter des bénéfices pour cette belle cause envers le personnel soignant."

Treize ans après ton départ du FC Nantes, tu es à la tête des U19 Nationaux de l'OGC Nice. Avais-tu imaginé une seule seconde faire ce métier, lorsque tu jouais encore ?

"Sincèrement, pas du tout. Ça s'est fait comme ça. L'OGC Nice m'a tendu la main lors de ma fin de carrière et j'ai pensé qu'il fallait que j'accepte ce projet. Dans le football, il y a des domaines dans lesquels je ne souhaitais pas m'aventurer, comme agent de joueurs par exemple. Je n'ai pas la personnalité pour faire ça. En revanche, être formateur, c'est transmettre mon vécu aux jeunes, leur faire part de tout ce que j'ai pu apprendre au sein de l'Académie du FC Nantes. J'ai tout de suite adhéré à ça et je me suis fixé comme objectif de devenir entraîneur professionnel sur le long terme. Le passage par la formation était obligatoire selon moi. Aujourd'hui, 8 ans après la fin de ma carrière, je suis très heureux du parcours accompli. J'ai commencé comme entraîneur adjoint des U17 Nationaux. Deux ans après, j'ai pris la tête de cette même équipe, et ce durant quatre saisons. La suite logique, c'était d'encadrer les U19 Nationaux du Club et je suis vraiment très heureux de mon évolution. En parallèle, j'ai passé mes diplômes et je viens d'obtenir en mars dernier, le BEFF (Brevet d’Entraîneur Formateur de Football)."


En tant que joueur et après ton départ du FC Nantes en 2007, tu avais décidé de rejoindre la Premier League avec Reading. Saurais-tu expliquer pourquoi tout n'a pas marché là-bas ?

"Quand je suis arrivé dans ce club, j'étais le plus gros transfert de leur histoire. Reading était en pleine expansion mais le discours tenu à ma signature n'a jamais été suivi d'actes. On m'avait annoncé une concurrence saine avec trois autres joueurs, pour deux postes et que les meilleurs à l'entraînement auraient du temps de jeu. J'ai tout de suite vu qu'ils faisaient jouer les deux joueurs présents depuis plusieurs années et qui venaient de participer aux différentes montées. Je ne pense pas avoir été traité à ma juste valeur. J'étais au coeur d'une lutte inégale.
Il y a tout de même eu un changement de considération lorsque je suis rentré de la Coupe d'Afrique des Nations à l'hiver 2008. J'avais livré de belles prestations malgré un manque de rythme en club et j'ai ressenti un peu de considération à mon retour en Angleterre. Malheureusement, alors que je retrouvais les terrains, j'ai attrapé la Malaria et j'ai perdu 15 kilos ! Le temps de revenir et de me remettre en forme, ça m'a pris deux mois. C'était trop tard. J'ai vécu ça comme un échec mais cette expérience aura été très enrichissante sur de nombreux points."

L'OGC Nice a su te relancer et t'offrir beaucoup de confiance…

"Oui, clairement. J'ai tout de suite pris du plaisir dès ma première saison avec Nice (2008-2009). Les sensations étaient bonnes et l'équipe était compétitive. Ça m'a vraiment permis de reprendre goût à la compétition."

Même si pour des blessures à répétition, tu as décidé de mettre un terme à ta carrière en 2012, à seulement 28 ans. Était-ce difficile à encaisser ?

"J'ai été dérangé par ces problèmes de phlébites en effet. On n'a jamais trouvé l'origine de ces blessures et c'était compliqué pour moi de continuer. C'était d'autant plus frustrant que j'ai dû arrêter alors que le club était en plein développement avec l'arrivée du nouveau stade. Il a été inauguré juste après la fin de ma carrière. Les résultats étaient de plus en plus prometteurs et je pense avoir raté les plus belles années de la dernière décennie de l'OGC Nice, à cause de mes soucis de santé. Mais je suis vite passé à autre chose."

Aujourd'hui, en tant que formateur, prends-tu comme exemple ce que tu as pu connaître à la Jonelière, lorsque tu étais toi-même au sein d'un centre de formation ?

"J'ai eu la chance de suivre mes années de formations lors des années phares du Club. Le "Jeu à la nantaise" n'était pratiqué nulle part ailleurs en Europe. J'ai été formé dans cette atmosphère. Le jeu, si particulier, était aussi simple à exécuter qu'à enseigner. Aujourd'hui, bien évidemment que je me sers de tout ce que j'ai pu apprendre à Nantes, pour exercer dans mon rôle de formateur à l'OGC Nice."

Comment réagissent les jeunes Aiglons à ces consignes ?

"Bien (rires). C'est un jeu plaisant, avec la possession, avec des déplacements et où tu n'as pas besoin d'être fort physiquement pour faire des différences. Les petits gabarits, notamment, adorent ça. Toutes les équipes dans le monde préfèrent avoir le ballon que de courir après ! Pour moi, c'est bien plus simple de mettre en place cette philosophie. Quand je suis arrivé à Nice, la transition s'est faite naturellement car le club souhaitait avoir un style de jeu qui ressemblait à ce que j'ai pu connaître toute mon enfance. Tous les éléments étaient réunis pour que je m'épanouisse et que je sois performant."

Durant ta formation à Nantes justement, tu as pu soulever la Coupe Gambardella en 2002. Te souviens-tu de ce rendez-vous ?

"La vie est parfois pleine d'anecdotes. En finale, nous avons battu l'OGC Nice (1-0). À la fin de ma carrière de joueur, le directeur du centre de formation niçois n'était autre que l'entraîneur de cette équipe de l'OGC Nice lors de la finale en 2002 (Alain Wathelet, ndlr). Les dirigeants qui travaillent également avec moi, étaient présents aussi lors de cette finale. C'est particulier de les retrouver là, dans ce contexte.
Ça reste évidemment un moment très fort. Avec les anciens coéquipiers, on ressort nos photos et chacun évoque ses souvenirs. Quand je vois l'impact que ça peut avoir aujourd'hui, ce n'est que du bonheur."

Tu as passé quatre saisons en professionnel sous le maillot jaune et vert. Quels souvenirs gardes-tu de cette période ?

"Les meilleurs souvenirs remontent à ma première saison en professionnel (2003-2004). Je sortais tout juste du centre de formation et avec dix matches, j'aurais déjà été très heureux. Mais là, j'ai pu jouer 25 rencontres de L1 ! Je suis monté avec Loïc Amisse, avec qui j'étais en réserve l'année d'avant et il m'appréciait énormément. J'ai également bénéficié des blessures de Jérémy Toulalan et Mathieu Berson pour gagner du temps de jeu et faire mes preuves. Nous avions fait une très belle saison (6ème en L1) et elle aurait pu être encore plus belle avec une victoire en Coupe de la Ligue contre Sochaux (défaite 1-1, 4-5 t.a.b).
Après, même si c'est un mauvais souvenir, j'étais très déçu de partir sur une descente en Ligue 2. J'ai une phlébite au mois de mars et j'ai assisté, sans pouvoir aider mes coéquipiers, à cette rétrogradation. C'était très dur à encaisser. J'ai toujours tout donné pour le FC Nantes depuis tout petit. Avec tous les bons moments connus ici, ça m'a fait chier (sic) de partir comme ça."

Tu es originaire de Malakoff, un quartier nantais. J'imagine que de voir un joueur comme Abdoulaye Touré, lui aussi natif de ce quartier, capitaine du FC Nantes, ça doit te rendre fier !

"Évidemment, c'est la relève. C'est un garçon que j'ai connu tout petit, mais dans tous les sens du terme : petit en taille, en âge,… C'était un petit du quartier et de voir d'autres jeunes sortir de Malakoff pour intégrer le centre de formation du FC Nantes, c'est toujours une fierté."

La Beaujoire, les supporters nantais,… Ce sont des moments que tu ne peux pas oublier ?

"Même encore aujourd'hui, ce que j'apprécie avec le public nantais, c'est qu'il est toujours au rendez-vous. Quand on était Ligue 2, il y avait toujours une belle ambiance et pour moi, être supporter, c'est ça ! Cette fidélité est reconnue. C'est un public exigeant mais toujours présent."

Que peut-on te souhaiter pour la suite de ta carrière professionnelle ?

"J'ai encore envie de progresser dans ce que je fais. Je n'oublie pas non plus mon objectif que j'ai en tête sur le long terme et je pense que c'est le mieux qu'on puisse me souhaiter."

Par M.G


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