25 mai 2020

''Nantes, mes plus belles années''

Vincent Bessat

Jaune et Vert durant quatre saisons (2011-2015), Vincent Bessat (34 ans) a connu une saison compliquée cette année à Chypre, sous le maillot de l'Apollon Limassol (Laiki Bank Championship). Ses années nantaises, ses souvenirs, son triplé face à l'OL en Coupe de France, son expérience chypriote, son avenir… il se livre. Entretien.

Comment vas-tu et comment s'est passé le confinement ?

Vincent BESSAT : "Je vais bien, merci. Je suis quelqu'un d'assez casanier donc j'ai pu vraiment prendre du temps avec ma famille, mes enfants. On aurait préféré avoir une vie sociale un peu plus importante mais il a fallu s'adapter comme tout le monde. Aujourd'hui encore, on évite de sortir trop fréquemment même si la vie reprend petit a petit avec notamment, l'ouverture progressive des bars et restaurants."

Quid du championnat chypriote et d'une éventuelle reprise ?

"La décision a été prise il y a quelques jours maintenant : le championnat est arrêté et le classement est désormais connu. Certains clubs voulaient reprendre, d'autres pas. Finalement, la loi qui prime ici, c'est celle du pays et non celle de la FIFA. La loi du pays dit que si le championnat est arrêté pour une raison de pandémie, les clubs sont en droit de ne plus payer les joueurs. Aujourd'hui, des négociations sur la rémunération jusqu'à la fin de saison sont menées."

Cela fait deux ans que tu as rejoint Chypre. Pourquoi as-tu pris cette décision ?

"J'étais en fin de contrat à Caen au terme de la saison en 2018. Malgré des contacts avec certains clubs de L1 et de L2, je voulais à tout prix aller à l'étranger. J'avais 32 ans et c'était l'occasion de découvrir autre chose. En juillet, j'ai été contacté par des formations chypriotes. J'ai fait trainer les choses avant de m'engager fin août, un peu par défaut parce que le temps pressait. Après, je savais que j'aurais l'occasion de disputer ici des tours préliminaires de Ligue Europa et de connaître une équipe qui jouait le haut du tableau, donc j'ai signé à Anorthosis puis à l'Apollon.
L'an passé, il y a eu des soucis de matches arrangés, avec les arbitres notamment. Ces derniers ont même eu des bombes posées sous leur voiture par les supporters… Pour que tout ça s'arrête, le gouvernement a lancé des mesures drastiques et les fans n'étaient pas du tout d'accord avec ça. Du coup, les stades sont restés presque vides. Ici, les ambiances sont incroyables mais je n'ai pas eu la chance de connaître ça. Malgré tout, ça reste un championnat intéressant et surtout, une belle expérience à vivre."

Comment as-tu vécu cette saison avec l'Apollon Limassol ?

J'ai eu un vrai souci avec le club cette saison et je n'ai pas eu de chance sur ce coup-là. J'étais la première recrue. J'aurais déjà pu les rejoindre l'an passé mais j'ai choisi Anorthosis pour des raisons financières. Finalement, en mars dernier, on a trouvé un accord avec l'Apollon donc j'ai su assez vite que j'allais signer là-bas.
Ce qui s'est passé, c'est qu'on s'est retrouvé à 16 étrangers au-delà de 23 ans pour 15 places, dont 4 arrières gauche. Sauf que l'entraîneur a été limogé après le revers face au PSV Eindhoven, lors des barrages qualificatifs à la phase de groupes de Ligue Europa. Étant donné mon salaire et mon âge, ils ont décidé de ne pas m'inscrire sur la liste pour le championnat donc ils m'ont proposé de rester sans jouer, de m'entraîner avec eux… ou d'être prêté. J'ai refusé. Ce ne sont pas 10 matches en plus à Chypre qui allaient changer ma carrière et je ne voulais pas leur faire plaisir. Je suis resté et un nouveau coach qui parlait français est arrivé. Il avait joué à Bordeaux et a notamment entraîné le Standard de Liège durant quelques années. On a discuté ensemble et il m'a assuré que dès qu'il aurait l'occasion de me remettre dans la liste, il le ferait. Sauf qu'au bout d'un mois, il n'a pas été gardé ! L'ancien coach est revenu et on devait attendre le mois de janvier pour pouvoir m'inscrire dans l'équipe, comme le stipule la FIFA.
J'avais signé deux ans ici et j'avais déjà acté le fait qu'en fin de saison, j'arrêterai le football parce que j'en avais marre et que je ne prenais plus de plaisir à jouer. Je n'ai plus d'envie et plus rien ne m'anime. Forcer pour forcer, c'est inutile. En décembre, j'ai eu une discussion avec l'entraîneur pour lui dire que ça ne servait plus à rien de me mettre dans l'équipe en janvier. Ils ont voulu me faire partir au mercato hivernal. J'ai eu des touches en Ligue 2, avec le 5ème de Grèce de l'époque et un club chypriote. Mais je n'ai pas bougé. Le 30 et le 31 janvier, ils ont souhaité trouver un accord financier pour rompre mon contrat sauf que je ne pouvais pas dire oui car il m'aurait été impossible de trouver quelque chose ensuite. On est tout de même parvenu à un accord quelques semaines plus tard et j'ai donc résilié mon contrat avec l'Apollon fin février. Depuis, je suis dans mes projets futurs. Pour l'école des enfants, il était convenu qu'on reste jusqu'à fin mai, sauf qu'il y a eu le Covid-19 et les écoles ont été rapidement fermées."

Ça veut dire qu'aujourd'hui, toi et ta famille êtes dans l'attente d'un retour en France ?

"Tout à fait. Étant de Lyon, on avait un vol pour Genève le 27 mai qui a été annulé, avant d'être basculé sur un nouveau vol le 3 juin, lui aussi annulé. Finalement, on a été prévenu que les vols commerciaux ne reprendraient pas avant le 2 juillet. On va donc envisager un vol de rapatriement. Seul hic, ce sont vols pour Amsterdam (Pays-Bas), Sofia (Bulgarie)… mais nous, on doit ensuite aller à Lyon ! Ce n'est pas simple."

De quoi as-tu envie pour ton après-carrière ?

"J'avais prévu d'être gestionnaire en patrimoine. Il y avait trois cabinets qui étaient intéressés pour m'engager donc j'avais déjà commencé ma formation CAPA (Capacité en Investissement et Patrimoine). Entre temps, mon agent m'a contacté pour que je travaille avec lui. On a eu de longues discussions parce qu'honnêtement, je ne souhaitais pas rentrer dans ce milieu-là. Ça a duré six mois et finalement, fin novembre, début décembre, j'ai pris la décision d'avancer à ses côtés. J'ai quand même validé ma CAPA mais je vais travailler avec mon agent. Je reste dans le milieu et au final, ce n'est pas plus mal. Je prends quand même encore beaucoup de plaisir à regarder du football, à côtoyer des personnes et je vais garder un peu le pied à l'étrier. Certes le sport va me manquer parce que je suis une personne qui a besoin de se dépenser. Je suis assez fan des sports de combat donc à mon retour en France, je vais aussi me remettre à fond dedans. Ce qui est sûr, c'est que le foot me manque pas du tout ! C'est incroyable mais c'est comme ça."

Malgré ton départ, tu as eu l'occasion de jouer un rôle dans la venue de Serge Gakpé à l'Appolon, ton ancien coéquipier au FC Nantes…

"Oui je suis pour beaucoup dans la venue de Serge, avec mon agent. J'ai soumis son nom au directeur sportif, à l'entraîneur et finalement il est venu. Il a été d'un grand soutien pour moi, tout comme de nombreux étrangers qui ne comprenaient pas la situation. Certains joueurs sont arrivés en janvier et croyaient que j'étais blessé ou suspendu…"

Tu es arrivé en 2011 au FC Nantes où tu es resté quatre ans. Tu as connu beaucoup de choses ici, avec une montée dans l'élite, tes retrouvailles avec la L1, un repositionnement comme arrière gauche… On image que c'est un passage qui a fortement marqué ta carrière !

"Oui, clairement, ce sont les plus belles années de ma carrière, tant sur le plan sportif que sur le plan humain. J'ai fait des rencontres formidables et il y a aussi eu la naissance de l'une de mes filles. C'était exceptionnel. Je repense à la relation tissée avec les joueurs et on en parle encore ! Personne n'a pu retrouver ça ailleurs. Réussir à allier les relations professionnelles du football et les relations humaines dans le vestiaire, c'était unique. Il y avait une vraie alchimie. Les staffs, le personnel du Club, les supporters nantais et la tribune Loire… j'ai été marqué par ça."

Selon toi, pourquoi l'équipe a su retrouver la L1 lors de ta deuxième année et non pas en 2011-2012, à ton arrivée ?

"C'est un tout. Je ne jette la pierre sur personne mais Michel Der Zakarian a su prendre le groupe d'une certaine manière, chose qui n'était peut-être pas le cas avec l'entraîneur précédent. Du côté des joueurs, il y a aussi eu une prise de conscience également. Les nouveaux ont apporté leur pierre à l'édifice et l'alchimie est arrivée très rapidement. Les victoires ont aidé l'équipe à avancer et c'est évidemment un facteur majeur. Le lien avec le public… l'ambiance était incroyable ! Quand les adversaires venaient jouer à Nantes, ce n'était jamais évident pour eux."

Parmi les souvenirs, il y a également ce triplé en Coupe de France face à l'OL (3-2, 16èmes de finale, saison 2014-2015) à La Beaujoire ! C'est évidemment un moment très marquant pour toi, le natif de Lyon…

"C'est l'une des soirées de ma vie. Il y a des "top players" qui ne marqueront pas un triplé dans leur carrière et moi, j'ai eu cette chance de connaître ça, face à l'OL et sa grosse équipe ! Fekir, Gonalons, Lacazette… Évidemment que ce match avait une saveur particulière et qu'il restera un moment mémorable. Toutes les personnes qui m'entouraient ont fait que cette soirée restera inoubliable."

Quelle image avais-tu de La Beaujoire avant de signer au FC Nantes ?

"Ça fait partie des critères qui te poussent à signer dans ce Club. On savait qu'il y avait un public très présent et qu'il y avait beaucoup d'attentes par rapport à l'histoire du FC Nantes. Je peux dire qu'on a marqué notre passage à notre manière. Peut-être différemment que nos aînés mais on a su reconstituer quelque chose de très fort avec les supporters. Je pense qu'on est tombé dans une période où il y avait un renouveau de fans, notamment dans les âges. Beaucoup n'avaient pas connu les très belles années nantaises à La Beaujoire mais plutôt à travers leurs parents et leurs grands-parents. Nous, on a écrit une histoire avec eux et on a sûrement apporté la première très grande émotion au stade à beaucoup d'entre eux. Je revois La Beaujoire le soir de la montée en 2013… c'était fabuleux."

Par M.G


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